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di servizi di pubblica utilità nella società dell'informazione.“
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Media Club e Forum di Infocivica

 

 

Représentation en Italie de la Commission Européenne
Fondation Ugo Bordoni, Rome
Associazione Italiana della Comunicazione Pubblica e Istituzionale - AICPI

IDENTITÉ ET DIVERSITÉ DE L’EUROPE
L ' intégration communautaire dans les perspectives du 
service public crossmédias

RAI SALA MUSEO DELLA RADIO E DELLA TV
Via Verdi 16 - TORINO

2011 63.ma edizione

19 SETTEMBRE 2011 - 9.00 - 14.30

II LES DÉFIS DE LA TOILE POUR LA CRÉATION 
D'UN NOUVEL “ESPACE PUBLIC ”  
À L' ÉCHELLE LOCALE, NATIONALE ET EUROPÉENNE

Une initiative d' Infocivica et du Groupe de Turin dans la perspective d ' une 
Conférence Européenne sur

LES MÉDIAS DE SERVICE PUBLIC
DANS LA SOCIÉTÉ DE L ' INFORMATION ET DE LA CONNAISSANCE

SÉMINAIRE D'APPROFONDISSEMENT RAPPORT N. 2.

Réarticulation de l'offre, préservation du local-global et politique connexe de production et d'acquisition des droits dans une perspective cross-média

Rapporteur Prof . Emili Prado , Université Autonome de Barcelone

Bienvenue sur ce compte-rendu de la séance plénière 2011 du “Groupe Européen de Turin ” - Giovanna Milella a prononcé un discours de bienvenue par lequel elle a souligné l'importance de ce rendez-vous dans le cadre du Prix Italia : c'est certes un séminaire, a t-elle déclarée, mais sa valeur réside en ce qu'il est un processus constructif, un chantier toujours ouvert. Il est de la plus grande importance car nous nous y confrontons au thème de la crossmédialité auquel le Prix Italia lui-même prête une toute particulière attention”.

Welcome speech by Piercarlo Sommo - Consigliere Nazionale Comunicazione Pubblica

Le modérateur, Giampiero Gramaglia a ensuite passé la parole à PierCarlo Sommo, Conseiller National à la Communication Publique qui a souligné en quoi la structure avec laquelle il collabore est depuis toujours vigilante quant aux valeurs de la communication dans le secteur public. Son expérience, centrée sur la communication dans le cadre du Service National de Santé, lui permet de penser que cette communication est indispensable au bon fonctionnement du Service de Santé lui-même : « Dorénavant nous sommes dans une nouvelle période historique le Service Public ne peut plus seulement être télévisuel mais crossmédial. »

Message de Pedro Soler Rojas – Animatore Forum Teletodos (in videoconference call from Madrid).

Lui a succèdé, par liaison téléphonique de Madrid, Pedro Soler Rojas, animateur du Forum Teledetodos. Ce Forum a pour objet les mutations aux niveaux locaux et internationaux : il explore les idées à l’œuvre et mène des recherches par le biais de groupes sociaux. Tout ceci en collaboration avec l'Université. C'est Un groupe de travail qui organise séminaires et mises en relation. Plus de 700 personnes y collaborent. Dans le contexte social actuel, le Service Radio-télévisé doit être accessible à tous. Il faut préserver le rôle du Service Public dans le domaine des télécommunications. D'où cette ouverte collaboration avec Infocivica. A l'époque crossmédiale, le réseau a vocation à collecter, à recueillir, les contributions du public. Il est fondamental que le Service Public soit toujours plus promu par des professionnels sérieux qui garantissent la conformité des contenus et que ceux-ci ne sont pas tronqués.

 

Message de Piero Fassino  - A sa suite, Piero Fassino, Maire de Turin, a tout tout d'abord tenu à saluer l'assemblée au nom de la Ville de Turin, cité très différente de ce que nous en connaissons traditionnellement. Elle n'est plus de nos jours cette ville uniquement manufacturière mais elle se singularise également par son secteur tertiaire, dans le domaine culturel, par son Université. Tous ces facteurs onnt contribué à la modification de l'identité de cette ville en l'ouvrant aux diverses stimulantes influences venues d'ailleurs.
Cette ville qui s'est ainsi transformée est aussi donc l'une toutes premières ayant compris que les changements de ce type étaient aussi liés à la mutation radicale des langages. Dans un monde caractérisé par tant d'interdépendance, la dimension communicationnelle est fondamentale. Il est ainsi devenu capital de trouver un langage qui puisse être commun. « Nous avons encore jusqu'à aujourd'hui une communication commune mais pas un langage commun. C'est ce nous construisons vise tout d'abord à dépasser les différences et les conflits. Nous portons le fardeau d'une histoire qui marque l'identité de nos peuples. Beaucoup a été fait dans le sens du rapprochement mais il reste tant à faire. D'où l'importance d'opérations culturelles comme la vôtre et qui travaillent à la mise en œuvre d'une communication radio-télévisuelle commune. »

Présidence et modération: Giampiero Gramaglia, Conseiller pour la communication de l ' Institut des Affaires Internationales, Rome - Giampiero Gramaglia a alors souligné en reprenant la parole après l'intervention du Maire de Turin, M. Piero Fassino, qu'il fallait tout d'abord retenir des paroles de ce dernier celles par lesquelles il a caractérisé l'intégration européenne et la paix comme une de nos plus majeures conquêtes et ceci est d'autant plus que les générations ayant connu la guerre disparaissent peu à peu.

Synthèse de l'exposé

GROUPE EUROPÉEN DE TURIN: SÉMINAIRE D'APPROFONDISSEMENT N °2

 

Introduction de Gerardo Mombelli, Président d ' Infocivica - M. Mombelli, dans son adresse de salut a, lui, mis l'accent sur le fait que nous sommes tous conscients dé la complexité des diversités économiques, politiques et culturelles. Dans le même temps nous sommes convaincus de l'importance des tentatives d'Infocivica, quoique ambitieuses, car elles visent aussi à contenir les tentations, propres aux temps de crise, de marginaliser de thèmes considérés comme secondaires.

Synthèse de l'exposé

Présentation des conclusions du Rapport N °1: Philip Schlesinger - La transformation de la société et de la radiodiffusion de service public - Intervention de Philip Schlesinger: celui-ci a affirmé tout d'abord être d'accord pour estimer fondamental de dégager un langage commun. Il tient à signaler, quelques radicaux changements à l’œuvre dans notre environnement. Il faut se souvenir plus que jamais des raisons de la création de l'Union européenne. L'irruption du monde numérique a induit d'importantes mutations et, actuellement, la crise est source de difficultés pour les médias dans leur processus d'adaptation. Un autre défi réside dans un retour à une dimension publique des médias. C'est comme si la construction de contenus européens divisaient. Il faut tenter de discerner si les médias sociaux peuvent être une porte de sortie pour ce problème quoique il aurait, a t-il ajouté, tendance à ne pas le penser. Il est certain que nous allons vers une dé-médiation. Les médias de service public peuvent-ils se réformer pour affronter cette situation?

Pour tenter également de reconceptualiser la fonction publique des médias. La révolution numérique a, sans aucun doute, entraîné un regain de créativité mais la mesure dans laquelle elle peut être épargnée par les questions commerciales est complexe.

Je tiens à rappeler, a t-il poursuivi, les six points sur lesquels nous nous sommes penchés avec Sorice dans notre rapport . Avant toute chose nous vivons un moment néo-libéral auquel il n'y a pas d'alternative politique. Il y a en-sus le problème des modalités de financement adéquates du service public et pour lequel maintien de la redevance apparaît comme de moins en moins pertinente.

Nous vivons – et c'est là le point 3- une époque de concurrence dans laquelle les puissantes concentrations dans le secteur privé mène l'assaut contre les organismes et institutions de service public.

Point 4, poursuit-il, il n'est pas possible de parler de l'avenir du service public sans prendre en considération les cadres régulateurs. Ceux-ci varient sans aucun doute, de manière considérable. Dans le contexte néo-libéral actuel, la déréglementation s'est largement imposée. Les organes de réglementation sont désormais et seront à l'avenir des terrains d'affrontements centraux -par-delà les principes et les questions quant aux dimensions, finalités et raisons d'agir - et ce, que ce soient pour les auteurs de ces réglementations que pour ceux qui en sont les destinataires. Ce point en a un autre pour corollaire.

C'est à ce moment, en d'autres termes, que surgit la question de l'autonomie politique. Dernier point, et c'est un élément-clé, que nous pouvons retirer , à titre de comparaison, est de nous demander quels sont les effets des interventions de la Commission Européenne sur les aides des États quant à l'activité de radio-diffusion dans les divers États-membres La méthode comparative permet en dernière instance l'identification des meilleures pratiques et solutions aux problèmes actuels – méthodes pertinentes pour des initiatives de marché adaptées à un nouveau service public et pour conclure, la compréhension analytique des différences entre les services publics en respectant leurs spécificités nationales.


Emili Prado, Université Autonome de Barcelone - Contribution introductive: Rapport N °2 Réarticulation de l ' offre , domaine local , global et politiques connexes de production et acquisition des droits dans une perspective cross - médiale.

Emili Prado dans sa communication a abordé les thèmes de la réarticulation de l'offre dans les domaines locaux et globaux des politiques connexes de production et d'acquisition des droits dans une perspective crossmédiale. Il a tout d'abord tenu à souligner le fait que sa recherche est toujours en cours et n'a pas livré toutes ses conclusions. La confluence, a t-il poursuivi, des deux révolutions en cours, celle du numérique et celle des nouveaux réseaux de l’internet, pose de nombreux défis aux médias et en particulier à la télévision. Les problèmes d’ordre générique pour ce média (fragmentation de l'audience, contenus produits industriellement et manquant d’originalité, nouveaux contenus générés par les utilisateurs eux-mêmes, nouvelles formes de distribution et d'accès à ces contenus, délocalisation de désynchronisation de la consommation, nouvelles formes de distribution) sont des problèmes qui affectent l'industrie de la télévision en tant qu’industrie, et tout particulièrement le Service Public, qui rencontre ici des défis spécifiques pour pouvoir répondre à ses objectifs traditionnels, notamment ceux liés à l'espace public qui affectent sa capacité à être un outil efficace pour la génération/création d’un consensus, d’une stimulation de la cohésion sociale tout comme dans la production de l'identité ainsi que l’encouragement à la participation des citoyens aux processus politiques et sociaux.

Deux attitudes s’imposent face à ces difficultés. La première enterre la télévision comme média, et donc son efficacité à continuer de remplir ces fonctions. La deuxième, fascinée par les phénomènes déclenchés par la pénétration d’internet, se recentre sur les formes de communication en réseau, ses manifestations audiovisuelles et notamment les réseaux sociaux, et tente ainsi de répondre aux attentes des fonctions sociales et démocratiques par ce moyen et qui auparavant étaient concentrés dans la radiotélévision publique. Les deux attitudes sont disqualifie la légitimité à survivre de la notion même de Service Public.

La première parce que si la télévision ne survit pas comme média tenter de maintenir la télévision publique serait un anachronisme. La seconde car si l’internet appartient à l’ensemble des citoyens et ces citoyens, aujourd’hui propriétaires de leur propre outil de communication, créent leur propre dynamique de production sociale du discours, les médiateurs et tout particulièrement les médiateurs publics finissent par être de trop dans ce nouveau paysage. Les premiers soutiennent farouchement leur diagnostic et ce malgré les chiffres qui le contredisent. La télévision comme média est toujours omniprésente dans le menu de la consommation mondiale de médias, et le temps passé par les citoyens à regarder la télévision ne cesse d’augmenter. A cela il faudrait ajouter l'utilisation des nouvelles formes de télévision et de la télévision consommée dans d'autres fenêtres que les mesures d'audience télévisuelle ne reflètent pas suffisamment et que les opposants persistent à ignorer. Les autres développent pour le moins deux faits centraux :

1. - La communication audiovisuelle en réseau nécessite une connexion haut débit ; la qualité et la sophistication des contenus et des techniques de l'image s’améliorant, les exigences de bande passante deviennent de plus en plus importantes, ce qui aliène ces pratiques d’un concept associé au Service Public et qui est ici remplacé par le Service Universel.

2. - Les phénomènes d’individualisation de l'audiovisuel ne remplacent pas la consommation de la matrice industrielle, mais cohabitent. D'autre part, au-delà des moments d'explosion sociale qui génèrent des dynamiques de communication spontanée à haut degré participatif et démocratique, tous les mouvements populaires qui se sont développés à travers ces technologies électroniques ont montré que leur durabilité est étroitement liée à l'existence de forces motrices qui permettent la création du discours social de façon constante.

En bref, le Service Public n'est pas discrédité par les arguments d’aucune de ces deux attitudes, mais au contraire son existence devient des plus justifiées à la lumière des faiblesses de ces arguments. Mais justement le Service Public devrait redéfinir non seulement ces objectifs mais aussi le moyen de les atteindre dans ce nouveau scénario. Une analyse détaillée de ce nouvel écosystème nous apportera ces réponses. L'une d'elles est le contenu. L'industrie de l'audiovisuel n'a pas été en mesure de fournir un contenu original pour remplir les nouveaux canaux et les limites des contenus générés par les utilisateurs commencent à apparaître clairement. Le Service Public va trouver sa raison d’être dans la création de contenus et leur mise à disposition dans tous les supports médiatiques et fenêtres, en créant des synergies multiples, non seulement avec l'énergie créatrice des individus, mais aussi avec les ressources liées aux différents espaces d’agrégation, local, national ou européen.

Les orateurs qui suivent vont proposer leurs analyses quant à la spécificité des situations dans leurs pays respectifs.

  Synthèse du Rapport


Partie I : Le Panorama européen ; une étude de l ' offre des médias de service public

Enrique Bustamante, Université Complutense de Madrid - Les offres en Espagne: Service public national et Communautés Autonomes (en vidéoconférence de Madrid).

Le professeur E. Bustamante intervient directement de Madrid : Le développement du pluralisme de la télévision a été un thème clairement revendiqué par le Président Rodríguez Zapatero à la tête du Gouvernement espagnol et est resté l’un des axes-phare de la politique publique de ses deux mandats. Dans la fonction publique, cet objectif s’est incarné dans la création d'un Conseil indépendant pour la réforme et dans la révision profonde d’un point de vue juridique et démocratique de RTVE en 2006. En ce qui concerne le modèle privé, l'apparition de nouveaux opérateurs privés en analogique (la « Cuatro » et La « Sexta ») a été favorisée mais cela au prix d'une forte confrontation avec les grands médias privés déjà présents, et la transition vers le numérique TNT s’est concrétisée par des émissions ouvertes et la distribution d'un grand nombre de programmes numériques à couverture nationale (vingt au commutateur analogique en avril 2010, 32 aujourd'hui, et huit pour chaque région autonome). Le second mandat du Parti socialiste a néanmoins été marqué par un changement radical dans la régulation et la structure du système audiovisuel, avec un net affaiblissement en terme de rapports de force du service public et une déréglementation profonde de la télévision commerciale, éléments qui ont entraîné un sérieux déclin du pluralisme structurel de la télévision. Sans surprise, plusieurs auteurs ont parlé d'une véritable «contre-réforme» de l'audiovisuel.
D'un côté, on a abordé, sans rapport prospectif économique, un nouveau modèle financier pour le service public de RTVE, calqué sur le modèle français de Sarkozy et centré sur la taxation des opérateurs de télévision et de télécommunications privées et d'autre part, les plafonds de concentration dans le secteur privé ont été relevés, la prolongation automatique de licences privées a été autorisée pour une période de quinze ans et nous avons fait une lecture extrêmement néo-libérale de la dernière directive européenne sur la publicité dans les services audiovisuels.
Le résultat tel que nous le constatons au moment-même de l’annonce d'élections anticipées pour le 20 Novembre prochain, est une dégradation profonde du pluralisme audiovisuel et de la diversité, tant dans le secteur public que privé. Nous assistons à RTVE à une crise institutionnelle majeure suite à la démission du président et à l'incapacité des partis majoritaires à désigner un remplaçant par majorité de deux-tiers au Parlement et de plus, les entreprises privées ont retardé la paiement des taxes auxquelles elles sont soumises ou même ont eu recours à tout un arsenal juridique pour abaisser le montant de leurs cotisations, provoquant ainsi une grave situation financière à la RTVE.
Dans le privé, le modèle de prolifération de chaînes et de programmes s'est avéré ruineux. En pleine crise économique, les 32 programmes numériques, avec plus de 250.000 heures de transmission, ont été très gravement éprouvés. En conséquence, la chaîne « Cuatro » a été absorbée par Telecinco et La Sexta est en passe de fusionner avec Antena 3, tandis que d'autres chaînes concurrentes minoritaires se sont arrêtées (Net TV) ou ont suspendu leurs émissions (Veo TV). Le secteur privé devient ainsi un nouveau duopole qui se voit renforcé par rapport à l’ancien système existant entre 1995 et 2005 car il possède dorénavant plus des trois-quarts du marché publicitaire et dominé par deux seuls groupes, Telecinco (Mediaset) et Antena 3 TV (Planeta-Agostini) qui pourront ainsi profiter de la diffusion de huit programmes numériques chacun. L'appauvrissement des contenus généralistes, l’éclosion de fausses chaînes thématiques, le manque de services interactifs, le faible développement de la TNT payante ... sont autant d’éléments particuliers de cette dégradation générale.
Simultanément, et en plein climat pré-électoral, les deux principaux partis politiques ne sont pas parvenus à nommer le Conseil de l'audiovisuel tel que la loi le prévoit. En conséquence, la télévision privée enfreint impunément quotidiennement la réglementation espagnole et européenne tandis que le service public manque d’un outil essentiel à son contrôle et qui le garantisse. Il se dessine ainsi un système audiovisuel de plus en plus déséquilibré, livré aux caprices du marché. La négligence des principes fondamentaux lors de l'expérience social-démocrate en matière d’audiovisuel nous montre ici ses pires effets.

Synthèse de l'exposé

 

Francisco Rui Càdima, Université Nouvelle de Lisbonne. Portugal - Les offres des médias de Service public

Lui succédant, le Professeur Rui-Cadima a propose son analysé de la situation portugaise (in extenso): Avant toute chose déclare t-il, je voudrais rappeler que va être annoncé ces jours-ci par le nouveau gouvernement, la privatisation de la ère chaîne de télévision. Ce modèle non-concurrent des opérateurs privés peut laisser présager de ce que pourrait l'idée d'Europe dans la télévision publique portugaise. Cela signifie la création d'un second marché européen.
Ce que nous proposons dans ce texte est une réflexion radicale - dans le sens de penser d'une manière significativement différente - l'investissement public pour le moyen-terme dans le domaine des médias et des nouveaux médias. Pour le court-terme, nous pensons que l'on doit chercher à faire la transition entre télévision publique traditionnelle et des médias de service public clairement distinct de l'offre commerciale. A moyen-terme donc, notre proposition définit graduellement un nouveau modèle basé sur un système multiplate-forme, centré sur les réseaux de nouvelle génération dans laquelle les objectifs stratégiques, en termes de contenu, devront être orientés vers la connaissance et la culture, en laissant les domaines de l'entertainment aux opérateurs commerciaux.

Nous nous proposons donc de mener ici une réflexion à la fois radicale et novatrice sur la façon d’envisager l’investissement public, à moyen terme, dans le domaine des médias et des nouveaux médias. À court terme, nous estimons tout d’abord qu’il est nécessaire d’accomplir une transition de la télévision publique de type traditionnel vers un média de service public qui se distingue clairement de l'offre commerciale. À moyen-terme, la dite-proposition s’oriente un nouveau modèle qui repose donc sur un système multiplate-forme axé sur les réseaux de nouvelle génération. En termes de contenu, cela implique que les objectifs stratégiques privilégient les champs de la connaissance et de la culture (nationale/européenne, en priorité) au cœur de nouveaux environnements web.

2. Quel nouveau modèle et quelles stratégies peut-on mettre en place, compte tenu des fragilités endémiques de notre (portugais) secteur médiatique, mais également des potentialités et des dynamiques de convergence d’un domaine qui aujourd’hui regroupe les médias, les télécommunications et les réseaux ? Comment argumenter, dans le cadre d’une éventuelle – mais également de plus en plus probable – reconfiguration de l’engagement public traditionnel dans le secteur des médias, en faveur d’un nouvel ordre communicationnel essentiellement tourné vers les potentialités des nouveaux médias et d’Internet?

3. Il y a aujourd’hui un ensemble de nouvelles dynamiques et d’opportunités à explorer, d’autant plus que ce qu’il est convenu d’appeler l’intelligence collective nous entrouvre les portes d’un univers riche en ressources grâce aux nouveaux médias et à la culture des réseaux. La premier défi consiste à envisager cette problématique avec un certaine distance, et ceci à deux niveaux : d’une part, par rapport à la crise du système médiatique portugais en-soi ; d’autre part, par rapport à un certain renfermement du vieux champ des médias vis-à-vis de tout un ensemble créatif et interactif, caractéristique de cette ère des digital native à qui, par exemple, ni les instances de régulation, ni les entreprises médiatiques de type traditionnel, ni le propre service public n’apportent de véritables réponses.

4. En ce qui concerne la redéfinition de l’investissement public dans les contenus de la convergence – mais aussi dans cette autre perspective de la reconfiguration du modèle des médias de service public – une première question à prendre en compte tient précisément au potentiel d’un modèle stratégique de convergence entre les dimensions de la communication et de la culture et les médias numériques dans une logique d’intégration avec les industries culturelles et créatives, l’objectif ultime étant la promotion de la langue et de la culture, des arts et du patrimoine portugais, dans le cadre d’une distribution hybride (audiovisuel/internet).

La convergence doit garantir, d’une part, la présence ou la permanence "en clair" (et en continu) de l’héritage culturel portugais et de ses contenus publics et, d’autre part, la promotion et la divulgation externe de l’image du Portugal et de son patrimoine, par le biais des stratégies émergentes de marketing numérique dans les champs de la culture et de la connaissance. Elle doit également viser le domaine du tourisme culturel, lequel doit s’assumer comme une véritable alternative pour la consolidation de la mémoire, de l’histoire, de l’espace et de l’actualité, aussi bien au niveau interne qu’externe.

5. C’est déjà une autre logique qui, en termes de définition de politiques publiques, est clairement "post-médiatique" et cherche à associer le champ de la communication avec les domaines historique et créatif, dans un environnement web, de manière à réunir la connaissance, les loisirs, l’expérience, l’interaction et la participation. Comme si ces nouvelles plate-formes de convergence, fondées sur une culture de New media et des nouveaux environnements web, nous conviaient en tant que produsers à une immersion, à faire cette expérience/partage de l’événement, des communautés, des plaisirs et des loisirs, des réseaux, du capital social, de la mémoire et de l’histoire... Pour concevoir un tel modèle politico-culturel et de gestion des plate-formes et des réseaux du domaine public, érigé sur des structures à la fois centralisées et les plus "légères" et flexibles dans la mesure du possible – bien qu’ayant pour support des réseaux haut débit de nouvelle génération – il est essentiel de reconsidérer de manière assez radicale les décisions à prendre dans le champs des politiques publiques intersectorielles : la convergence stratégique (des réseaux et des contenus), le modèle de gestion et le modèle budgétaire, la formation et les ressources humaines. La redéfinition de ces domaines mène donc à un nouveau "cluster" – celui de l’économie culturelle et créative – qui, à moyen terme, peut devenir un dessein national/européen, notamment autour de la convergence de grands concepts stratégiques : héritage et patrimoine historique, villes et industries créatives, identité/diversité culturelle européenne.

6. Il s’agit bien évidemment d’une réalité en devenir, mais que l’ont peut parfaitement mettre en place. Toutefois, bien qu’elle soit de plus en plus proche, cela peut tout de même prendre des années jusqu’à ce qu’elle prenne corps et soit véritablement consacrée et intégrée à notre quotidien. D’une certaine façon, aussi paradoxalement que cela puisse paraître, cet embryon numérique existe déjà dans la dispersion et la fragmentation d’initiatives, de sites, d’archives, d’événements, de portails qui centralisent l’information, etc. Avec un peu plus de persévérance et de détermination, nous aurions vraisemblablement, en quelques mois, un système intégré et pleinement opérationnel dans un environnement web.

7. Revenant au réel, il faut dorénavant concevoir un cadre stratégique sur la base des principes fondamentaux du secteur traditionnel des médias (pluralisme, diversité, indépendance), ce véritable magma qui rassemble indépendamment de ses incontournables excroissances et marges. Toutefois, le pluralisme n’est pas toujours considéré, loin s’en faut, comme un thème judicieux ou politiquement correct, et cela malgré son intérêt public primordial. C’est pourquoi – même si ce n’est pas toujours évident – et dans l’actuel et complexe contexte de migration médias/nouveaux médias, il s’agit d’un sujet absolument incontournable conjointement avec la diversité des contenus et la garantie de l’indépendance.
La pertinence de ce débat s’inscrit dès lors dans ce que nous croyons être une crise conjoncturelle de moyen-terme dans le secteur des médias qui touche déjà les nouveaux médias. Cette crise débute dans les années 1990 avec la fin pressentie des médias traditionnels dans le cadre de l’émergence du numérique. Elle s’aggrave dans le sillon de cadres réglementaires et de mesures législatives et exécutives qui servent, tout d’abord, des intérêts privés au détriment de l’intérêt public. Elle se renforce finalement à la fin de années 1990 avec la crise des dot.com, l’explosion de la bulle technologique et, simultanément, avec la récession drastique du marché de la publicité au début de la décennie, dès 2000/2001. La combinaison de ces deux éléments a affecté de façon substantielle, et tout particulièrement au Portugal, les marchés des médias traditionnels (presse, radio et télévision).

8. C’est pourquoi, en vertu de l’agencement de ces phénomènes inattendus, il a fallu mettre en place de véritables ingénieries du compromis (dans les systèmes médiatique/économique/politique) qui nous ont mené au point où nous en sommes aujourd’hui. Le contexte actuel est donc perçu, de façon assez consensuelle, comme un temps de crise complexe dans le secteur des médias traditionnels. La pertinence du débat sur les questions relatives au pluralisme et à la diversité est donc bel et bien d’actualité. C’est d’ailleurs devenu, pour ainsi dire, un sujet incontournable dans tout choix relatif aux politiques publiques. Il est par conséquent essentiel de mettre en relief deux ou trois points décisifs pour ce débat.

En tout premier lieu, il faut tenir compte de l’époque qui est la nôtre, ponctuée par l’aboutissement des grandes crises des années 2000-2010. Plusieurs analystes ont décelé un manque de jugement, une perte de vigilance de la part des médias au cours de ces crises – crise dot.com, légitimation de l’invasion de l’Irak, subprimes, endettement obscène des États et des familles, produits toxiques, crise financière, régulation des marchés, etc. Pour certains auteurs, comme Max Otte, le système médiatique renferme une espèce de virus qui diffuse non pas une société de la connaissance mais une société de la désinformation, se soumettant de la sorte aux diktats des groupes de pression et des systèmes de gouvernement qui, à leur tour, sont impliqués dans de complexes logiques d’opacité qui surveillent tout, depuis la transparence des informations financières jusqu’aux comptabilités des États.

9. Il est donc indéniable que, d’une façon générale, les médias contribuent à ce système de désinformation qui, à la suite de l’expérience vécue notamment après les années 2007/2008, a mené à un cyclique et quasi imminent collapsus social et économique de ce que l’on appelle le monde développé. Dans la conjoncture actuelle, l’émergence de phénomènes tels que Wikileaks, par exemple, doit commencer à être envisagée dans le cadre d’une crise très marquée du journalisme et du système médiatique, aussi bien sur le plan économique que des contenus. Ce qui est vrai, comme le disait Jay Rosen – un chercheur nord-américain réputé –, « the watchdog press died », la presse attentive et éveillée semble traverser une espèce de coma induit.

Dans un deuxième temps, il nous savoir "comment" sortir de cette situation. Dans ce cas précis, nous estimons qu’un débat sur le concept et l’application de la notion très concrète d’un pluralisme à part entière (et non pas réducteur) fera toute la différence. La notion de pluralisme a été appliquée dans les médias en fonction de ce qu’en règle générale on nomme le “contradictoire” – par exemple, traditionnellement dans le milieu politique, le droit de parole à deux forces en présence (gouvernement/opposition ou parti A versus parti B). Mais, comme nous le savons aujourd’hui, le pluralisme va bien au-delà d’une politique fermé sur soi-même et son esprit de corps. Il va d’ailleurs bien au-delà de la politique politicienne à laquelle les chaînes de télévision traditionnelles nous ont habituée dans le cercle fermé d’un débat contradictoire à deux seules voix. Il y a, dans la vraie vie, pour ainsi dire, un processus social, une expérience sociale, une vertu civile qui sont suffisamment à l’affût pour mériter eux aussi les honneurs médiatiques. Et qui se meuvent en dessous de cette croûte, tels des plaques tectoniques en mouvement lent qui, soudainement, engendrent des séismes sociaux, économiques, financiers, etc.

10. D’autre part, nous voyons émerger dans ce contexte numérique de nouvelles dynamiques que le système médiatique traditionnelle n’arrive pas à suivre. Il s’agit notamment du crowdsourcing et du modèle de peer production (production collaborative) qui se superposent à l’architecture et à l’informatique en réseau, lesquelles font usage de l’intelligence et de la connaissance collective, du savoir-faire, qu’il soit anonyme ou pas, disséminés dans le réseau. Cet agencement collaboratif contribue à résoudre des problèmes, créer et disséminer de l’information, produire du contenu (Wikipédia) ou développer des logiciels (Linux).

Ce qui veut dire qu’aujourd’hui le pluralisme évolue, d’un point de vue des pratiques journalistiques, vers un journalisme asymétrique. Ce qui veut dire que, pour préserver leur rôle de pôles stratégiques dans la production de l’information, le journalisme et les médias doivent renouveler leurs pratiques et leurs dynamiques, de manière à intégrer de façon interactive les nouvelles communautés en réseau et renoncer à leur traditionnelle résistance vis-à-vis du changement, comme c’est le cas depuis la moitié des années 1990, à la suite de la progressive massification du réseau. Le nouvel écosystème numérique, de type matriciel, réclame, de fait, un nouveau type de journalisme fortement collaboratif, asymétrique, qui convoque à la fois les sources traditionnelles, les sources collaboratives, data-mining (bases de données, régularités, archétypes cohérents, alertes), les journalistes à proprement parler, les médias sociaux, les produsers (producers-users ndt), le public en général, etc. Il s’agit d’un nouveau modèle, de nouvelles pratiques, dont l’hybridité et l’asymétrie s’avèrent essentielles pour que l’ancien pouvoir (le 4ème) du journalisme ne tombe dans la rue et ne reste qu’entre les mains de la culture des réseaux (le 5ème pouvoir).

11. Dans un troisième temps, il nous faut aborder les mirages qui, pour l’instant, ne garantissent rien... Contrairement à ce que l’on peut penser, Internet n’est pas aujourd’hui encore une sorte de salut mirifique. Si auparavant on disait de la rumeur qu’elle arrivait plus vite que l’information, imaginons alors dans cette ère d’Internet ce qu’il pourra se produire avant l’information engendrée selon les règles classiques du canon journalistique (le cas Wikileaks). C’est indéniablement un nouveau cas de figure. C’est pourquoi la divulgation du secret ne garantit pas pour autant une transparence absolue du monde et des choses. Cela signifie que la divulgation d’un secret peut en cacher un autre et que la transparence devient opacité. Il s’agit d’une sorte «d’idéologie de la transparence» qui, en définitive, ne nous mène nulle part.
D’autre part, Internet nous procure quelques déceptions : on pensait qu’Internet était un espace de grande ouverture et de partage, mais ce n’est qu’en partie vrai. Dans son ouvrage The Myth of Digital Democracy, Mathew Hindman a démontré, de façon irréfutable, qu’en ce qui concerne les grands systèmes et conglomérats médias/nouveaux médias, Internet dispose d’un degré de concentration plus élevé que celui des marchés traditionnels (ex: USA).

12. De la même façon, la politique d’Internet (sauf pour le cas d’Obama et quelques autres exceptions) n’est que le retour à l'identique mais accentué, pour ainsi dire... Un certain cyber-optimisme sur l’éventualité qu'Internet soit en passe de démocratiser la politique est une idée bel et bien révolue, d’autant plus qu’il y a non seulement davantage d’inégalités en ligne que dans la sphère politique traditionnelle, mais également parce que l'Internet mainstream tend toujours plus à absorber la quasi totalité du trafic des internautes. De ce fait, l’essentiel de ce qui caractérisait l’analogique est en cours de migration vers le numérique - online politics is simply "politics as usual"...'('les politiques en-ligne restent des politiques')
On évoque dorénavant les spirales du silence qui aujourd’hui confisquent à la démocratie cette dimension de "valeur universelle" telle qu’elle était conçue par le passé. On évoque des logiques de la terreur – bio ou cyber – qui rendent le système démocratique davantage vulnérable... Mais il est également question d’un nouvel humanisme jalonné par la multiculturalité et l’impératif de la responsabilité, par la nécessité de produire du contenu dans les médias,. On évoque encore une "nethics" pour ce nouvel humanisme de façon à dépasser les anciennes stratégies ancrées dans des cultures homogènes. On évoque une crise de la rationalité et le déclin de l’expérience vécue, où néanmoins le rationalisme critique finit vraisemblablement par devenir son meilleur décodeur et les cultures collaboratives et participatives son meilleur stimulateur.

13. Il nous faut conclure que les nouvelles politiques publiques en matière de médias/nouveaux médias ne peuvent éluder ni cette complexité, ni ces réalités émergentes, sous peine de contribuer à l’ajournement de la rénovation et au maintien de l’actuel statu quo.
Dans une stratégie de convergence entre les pôles de la culture et de la communication, l’adoption d’une approche davantage centrée sur les CCI (Cultural and Creative Industries), au détriment de l’ancienne option encore axée sur les vieilles politiques du secteur médiatique, est tout à fait justifiable. Il faut donc sauvegarder l’avènement éventuel de politiques publiques de convergence, et ceci dès le processus de reconfiguration du système public médiatique dans le cadre de la migration vers le numérique. Cela implique une choix audacieux de renforcement de la partie web au cœur du service public médiatique au détriment d’une présence plus traditionnelle, notamment en matière de contenus qui aujourd’hui se distinguent très peu de ceux offerts par les opérateurs privés.

14. Les nouvelles politiques publiques intersectorielles ne peuvent négliger le fait que médias et nouveaux médias sont de plus en plus associés aux industries créatives et culturelles, ainsi qu’au crowdsourcing. On peut d’ailleurs évoquer l’avènement de puissants cycles d’innovation dans les narratives émergentes et les nouveaux médias au cœur du nouvel espace public urbain, des communautés virtuelles et des réseaux sociaux, des villes créatives. Bref, dans tout un nouveau modèle de convergences qui se trouvent renforcés au sein d’une nouvelle économie créative et culturelle.
Les politiques publiques sectorielles et intersectorielles ne peuvent pas davantage perdre de vue de telles dynamiques sur le plan des contenus culturels et créatifs et de la propriété intellectuelle. Ces nouvelles industries puisent leur origine dans la créativité individuelle, dans l’intelligence collective et les talents, affichant un fort potentiel de création de richesse et d’emploi. C’est, de ce fait, un domaine qui rassemble l’héritage culturel et le patrimoine des communautés et des nations avec le talent et la créativité des produsers, qui rapproche une culture collaborative et l’industrie des contenus, qui intègre les avant-garde artistiques, sans oublier ce grand réservoir de l’information, de la culture et du divertissement, engendré par les médias traditionnels, et auquel il faut bien évidemment ajouter tout le potentiel et la diversité exponentielle de la galaxie des nouveaux médias. Ce nouveau monde en plein effervescence, qui s’offre à nous, ne peut plus être éludé. C’est précisément cette évolution vers la convergence que l’on doit exiger du service public médiatique et du processus de reconfiguration des politiques européennes en ce qui concerne les médias traditionnels, l’audiovisuel et les nouveaux médias.


Synthèse de l'exposé

Matthew Hibberd, Université  de Stirling - Les offres des médias de Service public au Royaume - Uni:   BBC, Channel Four - A sa suite, Matthew Hibberd a évoqué la situation britannique. Le service public est, en Grande-Bretagne, est par définition complémentaire mais, depuis les 25 dernières années, la réalité cette complémentarité s'est brouillée. Les crises qu'a connu le marché télévisuel anglais sont innombrables. Crise de la publicité et de la redevance dont le principe a été reconduit jusqu'à 2017. En juin 2011, Lord Patten, récemment nommé à la Présidence du BBC Trust, a eu l'occasion de donner sa vision de la BBC dans une série de réunion et de discours : « La BBC est l'un des plus importants organismes de radiodiffusion au monde mais nous ne sommes pas dans une période facile... et nous devons démontrer que nous pouvons assurer un PBS avec un budget annuel de 3,5 milliards de Livres Sterling ».

En ce moment, la BBC est l'objet d'un audit approfondi de toutes ses activités de radiodiffusion. Le document intitulé Qualité de la Diffusion Avant tout » ( Delivering Quality First )vérifiera que les services du BBC Trust et de BBC Executive s'accordent pour retenir ce qui peut être sauvé et puis par la suite déterminera les changements à mettre en œuvre au sein des services. Parmi ceux-ci, ceux qui subiront le probablement des coupes sont les canaux numériques développés à la suite de l'arrivée de la télévision numérique en 1997. Cependant en ces temps de crise, la chaîne Channel 4 s'est redressée de son déclin économique grâce à l'augmentation de ses revenus publicitaires en 2010. Les canaux numériques annexes de l'entrepris, tels E4, Film4, et More4.
Ce résultat a été particulièrement bien perçu surtout si l'on considère que la chaîne a récemment remplacé une grande partie se son personnel dirigeant et n'a pas reconduit le programme Big Brother dans ses grilles après 10 ans de diffusion ininterrompue. LA BBC a quelque chose à apprendre de ce redressement de Channel4. à moins que le fait que Channel4 ait singulièrement ses investissements dans la production originale lancée par producteurs indépendants au Royaume-Uni en 2010 signifie t-il qu'à cause de problèmes économiques durables il puisse être probable que des réductions soient à prévoir dans les prochaines années ? Même la BBC se doit à des ajustements adéquats. Elle doit apporter une réponse à la crise économique, au plafonnement de la redevance et choisir quelle sera la voie empruntée dans les années à venir. Le rapport “Proposer de La Qualité d'abord” (“Delivering Quality First”) devrait rapidement être remis. De fait la BBC est engagée dans la voie de la réduction de la rémunération de ses hauts-dirigeants. Mais ce n'est pas simple. Elle devra décider quels sont ses services fondamentaux et alors sur ce qui est fondamental pour son public. Ne devraient pas être touchées les chaînes principales. En revanche, les services numériques renforcent leur audience.

Synthèse de l'exposé

Roberto Suarez Candel, Université de Hambourg, Allemagne - Les offres des médias régionaux de Service public et les offres dans le cadre fédéral et international.

La parole revient maintenant à R. Suarez-Candel qui délivre l'analyse suivante : Les diffuseurs de service public sont en Allemagne parmi les plus innovants en Europe. Il faut y voir là une confirmation de leur engagement en direction des plus probantes et récentes innovations dans le marché radio-télévisuel.

En réalité, cette capacité d'évolution est rendue possible par la législation qui considère le service public comme un élément nécessaire au système général des médias dont le rôle ne peut être garanti que si l'innovation technologique en est un élément constitutif central.
En conséquence de quoi, les diffuseurs publics germaniques ont bénéficié de cette innovation technologique, y comprise la dimension on-line et ils développent actuellement de nouveaux contenus et formats dans le but d'informer, divertir et éduquer. Grâce à tout ceci, les diffuseurs publics allemands sont encore leader en matière de share et sont une inépuisable source d'information pour la communauté des citoyens. Le passage de l'analogique au numérique sur les plate-formes terrestre ont le lancement de nouveaux canaux qui ont augmenté et diversifié l'offre des services publics. En outre, les opérateurs publics sont également présents sur les plate-formes satellitaire par le biais du câble et la TV par IP. De plus, ARD et ZDF sont également présents dans des initiatives comme la TV sur le Web Zattoo. En outre, ces diffuseurs ajoutent progressivement des contenus en haute-définition à leur offre. Par ailleurs et enfin, ils sont également très actifs dans le domaine en-ligne et sur le multiplate-formes.

Ils ont développé leurs sites propres où ils offrent une vaste gamme de services diversifiés. Nous devrions accorder une toute particulière attention à leurs Archives Médias qui permettent aux usagers d'accès à-la-demande aux programmes de leurs chaînes publiques. En sus, des services de podcasts, de fils d'information (RSS) et de lettres d'information liés aux contenus diffusés sont également disponibles. Enfin, les diffuseurs publics allemands sont particulièrement actifs dans le domaine des réseaux sociaux. Parmi ces services, ils ont en outre mis sur pied leurs propres pages “Facebook” et leurs chaînes “Youtube”. Un autre champ dans lequel les diffuseurs allemands sont très actifs est celui de la convergence entre diffusion traditionnelle hertzienne et réseau haut-débit. En association avec l' Institut für Rundfunktechnik (IRT) (Institut pour les technologies de la diffusion), les chaînes ARD et ZDF sont désormais des partenaires actifs du projet de diffusion hybride – hertzien-haut-débit- HbbTV ( Hybrid broadband broadcast television). Celui-ci est dorénavant l'une des principales initiatives dans le domaine des services en-réseau disponibles sur l'écran de télévision en Europe. Les opérateurs allemands de service publics sont parmi les premiers en Europe pour ce qui concerne la mise à disposition de services télévisuels hybrides.

En conclusion, nous devons aussi mentionner les activités du service public dans le domaine du développement d'application pour les smart-phones et les tablettes. Après avoir obtenu de probants résultats au “three-steps” test, ARD a inauguré ses services pour ces smart-phones et tablettes. Il en est résulté de vifs débats et controverses dans la sphère allemande des médias.
R.Candel-Suarez insiste et décrit en détail la situation des médias en Allemagne.Les recettes qui proviennent de l'ensemble des chaînes est réellement substantiel. La redevance sera à terme non plus perçue sur les équipements comme cela est naturel mais sur une base familiale. Cela ne devrait pas nuire. Le conflit ente médias privés et de service public est assurément important et surtout par la multiplication des plate-formes initiée par les Médias de Service Public.

Synthèse de l'exposé

Beata Klimkiewicz, Université Jagiellonica de Cracovie - Les offres des médias de Service public en Pologne

Revient maintenant à Beata Klimkiewicz de traiter de la situation polonaise et plus particulièrement du localisme, de la globalisation et de la diversité culturelle dans l'offre du service public médiatique en Pologne. Elle déclare avoir souhaité principalement approfondir la dimension culturelle de cette question des médias de service public.Nombreuses sont es différences entre les pays mais tout aussi nombreux sont les facteurs d'uniformisation sous l'action de la globalisation. Elle a évoquée le modèle d'analyse proposé par Joseph Straubhaar par lequel celui-ci souligne en quoi l'identité culturelle est structurée en strates qui se reflètent dans la communication médiatique. Il y a deux axes : l'un va de la globalisation à l'individualisme et le second du localisme au multiculturalisme.

Les médias de service public ont le problème d'intégrer aussi les changements en cours sur un mode pratique. Fondamentalement, en chaque pays, il y a évidemment la conception politique de l’État et par ailleurs la politique culturelle de cet État et enfin, il y a les mouvements issus des groupes culturels. Souvenons-nous que la télévision polonaise est fille d'un modèle hyper-centralisé. Comme le déclare Benedict Anderson, cultures et médias nationaux sont étroitement connexes. La Pologne protège ses productions nationales. Malgré la révolution de 89 , les médias polonais sont restés très centralisés. Les structures régionales ont été créées dans les années 50 et on pensait alors qu'elles travailleraient de pair avec les structures centrales.

En 1994, 11 bureaux régionaux furent créés sur le modèle d'entreprises distinctes. Il y avait cependant comme une sorte de chaînes communes qui renforçait leur souci de se distinguer des chaînes centrales. Pourtant cela ne s'est pas traduit par la création de contenus régionaux. En 2000 s'est créée une chaîne d'information en continu, 24h/24 et on a alors analysé ,l'audience de la télévision polonaise qui, certes, bénéficiait de l'augmentation du nombre de chaînes et de retransmissions , notamment par le fait de la reconnaissance des minorités linguistiques. Mais il faut se rendre à cette évidence : les programmes en langues tierces sont minoritaires. Il y a actuellement une tentative de globaliser les contenus de service public , non par des contenus d'information mais dans le domaine du divertissement. Une description du cadre structurel de la Télévision Polonaise, comme l'analyse de ses programmation locales et régionales, des services en direction des minorités linguistiques et des services globaux révèlent indubitablement une tendance constante à la centralisation. En d'autres termes, la vision centralisatrice du service public audiovisuel qui a accompagné la naissance-même de la télévision en Pologne dans les années 50 n'a pas été fondamentalement remis en question par des exemples étrangers d'une autre politique culturelle ou par des facteurs de mobilisation et ce, à la différence de pays européens-tiers tels que l'Espagne ou le Royaume-Uni.

Synthèse de l'exposé


Michele Sorice
, Université Luiss de Rome - Les offres de Service public en Italie.

Michele Sorice a choisi d'aborder dans son intervention le thème des médias de Service Public en Italie. Dans les années 60, le rôle de la télévision était de nature pédagogique. Il en va évidemment autrement aujourd'hui. Le service public devrait avoir ce rôle de créer des contenus pour toutes les plate-formes. Il est nécessaire d'aller au-delà de qui existe actuellement. Comment l'offre de service public se présente t-elle en Italie ? Il y a deux voies possibles pour répondre à cette question. La première revient à identifier et cataloguer l'ensemble des programmes présents dans les grilles de programmes et à classer de façon appropriée ceux qui répondent aux critères de « service public ».Mais on se trouve là confronté à un problème qui est de fait insoluble dès lors que nous n'avons pas défini avec certitude ce service public, sous l'angle d'un service d'intérêt général ou universel et ainsi de suite. La seconde méthode se superpose de fait à l'analyse des fondements, des caractéristiques, des lignes de force du « Public Service Media » comme l'a déjà esquissé le premier rapport du Groupe Européen de Turin.

En d'autres termes, analyser la situation italienne aujourd'hui n'est pas possible si l'on ne prend pas en compte la totalité du spectre de l'offre médiatique. Se focaliser sur la télévision – encore centrale dans les usages des italiens – ne suffit plus. Il serait encore plus risqué de se centrer seulement sur le rôle – même irremplaçable – de la Rai. Il apparaît alors nécessaire de chercher à identifier les caractéristiques du système italien de la communication. Et, dans le même temps, on cherchera à analyser quels sont encore les freins au libre-accès au réseau car ceci représente de fait une lourde menace. Moins de liberté d'accès à l'information signifie aussi moins de qualité et de professionnalisme à la télévision. Pour lancer un cercle vertueux, en d'autres terme, il faut abandonner la perspective monomédiale pour privilégier un ample point de vue sur le système de la communication dans son entier et sur son rôle de gardien du pluralisme et de la démocratie. Il faut étudier le rôle social des médias dans la perspective de l'intérêt public. La société européenne change.

Synthèse de l'exposé

       

DÉBAT AVEC INFOCIVICA

Introduction de Manlio Cammarata, Directeur d'Inter Lex – Vers l' évolution du Protocole d'Amsterdam

Synthèse de l'exposé

 

 

Bruno Somalvico, secrétaire général d' Infocivica - Refocaliser l'offre par une interprétation horizontale et crossmédiale du tryptique de John Reith

Synthèse de l'exposé

 

Italo Moscati, écivain et cinéaste - Mémoire historique et Education civique dans l'offre crossmédiale.

Italo Moscati a abordé, dans son intervention, les questions de la Mémoire historique et de l'éducation civique dans l'offre crossmédiale. Il a rappelé pour mémoire son documentaire ' »Concerto italien » et de son succès en dépit de la Rai qui en était le sujet. Que manque t-il à la télévision telle que nous la connaissons aujourd'hui a t-il demandé ? Le Concerto italien a plu parce qu'il a suscité le remords. C'est important le remords pour ce qui ne s'est pas fait de manière culturelle. Il y a un authentique recul en matière culturelle de la part des médias de service public. Nous devons utiliser toutes les ressources des pays européens et les contenus de chacun d'entre eux. L'école ne suffit pas.
Les télévisions assument, indépendamment de la multiplication des canaux et dans la fragmentation des programmes, de tous les programmes, un rôle important dans la mission éducative, formatrice, qu'ils ont déjà; et dont, souvent, ils ne sont pas même conscients ; un rôle qui cependant est toujours ajourné, à la mesure de notre époque. Il y a une absence de réflexion sur les dramaturgies narratives. C'est l'unique chose qui aujourd'hui fait sens. Ce qui était hier valable ne l'est plus. Tant dans la forme que pour les contenus. Les télévisions se doivent de remplir cette tâche et dont sont incapables l'école ou l'université . Chacun a appris à écrire selon des modèles qui, au siècle dernier, se sont modifiés depuis l'époque des bâtons sur les cahiers d'écoliers. Mais nul (ou alors si peu), n'a imaginé sérieusement à enseigner comment est construite une image existante (un cadrage, la séquence d'un film ou une vidéo) voire comment on la construit. Une récupération « artistique » des histoires est utile et les tentatives en cela sont rares, quand elles ne sont pas découragées. Tous devraient s'accorder sur un point : les télévisions doivent mettre au centre la mission d'éducation sur des nouvelles bases avec des individus et du personnel compétents, concernés par l'ambition de faire comprendre et montrer les processus visibles et surtout invisibles des langages de l'image.

Synthèse de l'exposé

Andrea Melodia, Président de l'UCSI et Vice-Président d'Infocivica - Repenser l ' offre  pour une audience généraliste dans une ère de fragmentation.

Andrea Melodia, à sa suite, a traité ensuite du thème d'une Refondation de la conception de l'offre dans une perspective généraliste dans un contexte de fragmentation. Vitesse et synthèse, mais aussi superficialité et dispersion, sont les nouveaux paradigmes de la communication. La diffusion sur un mode unidirectionnel, conquise au siècle dernier, est en voie de se faire remplacer par la liaison bidirectionnelle et connectée, conquête contemporaine. C'est aujourd'hui l'individu et non plus les masses qui est au centre. Comment le contacter ?

Dans ce nouveau modèle c'est à lui qu'il reviendra de nous chercher et c'est donc par le marketing que tout se jouera. Quoiqu'il en soit, je ne crois pas la société qui est et qui sera la nôtre en soit capable et ce à moins d'un appel général, comme réponse à l'urgence, aux crises, mais aussi comme guide pour chacun, fil rouge, instrument de cohésion sociale, de sens de l'appartenance, de reconnaissance tant dans une commune famille humaine que dans la fragmentation des sociétés, des langues, des cultures, des religions, des traditions locales. Ceci est le futur du service public radio-télévisuel et multimédias, généraliste par essence, institutionnel par mandat, libre et utopique par nécessité. Si on consent à cet objectif qui voit le service public comme, peut-être, un solitaire survivant de la communication généraliste dans une époque de fragmentation, il convient de superviser la transition en aidant les grandes télévisions généralistes, publiques et privées, à entrer dans le périmètre des grilles de programmes autogérées par les individus-mêmes et ce avec les meilleurs atouts. Celles qui seront sauvées, reconduisant la confiance des individus dans les nouveaux paradigmes communicationnels deviendront, en quelque sorte, service public. Chemin faisant, on se devra de finalement décider si cette tâche mérite un financement garanti et une libre-gouvernance, compétente et constitutionnellement protégée. Il est plus facile d'énumérer les erreurs d'aujourd'hui dans cette évolution que de donner des conseils. Les erreurs les plus évidentes sont celles de ceux qui cherchent seulement la survie de l'offre généraliste acceptant l'idée qu'elle ne se réduise qu'à satisfaire les besoins des plus anciens, victimes de la fracture numérique et de la paresse culturelle. Ce sont aussi ces programmes longs, indigestes, inadaptés à être recyclés sous formes de pilules. Erreurs de ceux qui font de l'information partiale, suscitant en retour le refus de ceux qui ne s'y reconnaissent pas, au lieu d'une information au service de tous et de la vérité. De ceux qui ne se rendent pas compte de l'impérieuse obligation de réorganiser la production de l'information radio-télévisuelle sur le mode que requiert l'immédiateté des réseaux plutôt que de reconduire les canoniques rendez-vous d'un grille de programmes. De ceux qui croient que le pluralisme se garantit par l'armement des oppositions extrêmes. De ceux qui confondent politique et spectacle. De ceux qui ne savent pas conjuguer culture, volonté de savoir, curiosité avec divertissement et passions. De ceux qui remplissent les grilles de bric-à-brac à la mode, dénichés dans le tout-jetable de la communication. De ceux qui ne connaissent pas le rattrapage, la récupération, l'archivage, à la réutilisation et à la valorisation de tout ce qui est produit par le recours à tous les médias possibles. Cette litanie pourrait se poursuivre.

Pour ce qui est des recommandations, me vient un seul conseil que je veux donner concrètement à la Rai qui est l'entreprise d'où je viens et à qui je dois tant. Qu'elle accepte son redimensionnement, qui ne doit pas être fait selon une insensée privatisation mais plutôt d'une volonté indépendante de couper ce qui n'est pas nécessaire au nouveau projet. Qu'elle n'attende pas que la politique résolve à sa place ses problèmes mais qu'elle revendique de le faire par elle-même, elle en a les capacités. Et qu'elle remette la qualité du produit au centre de ses préoccupations, les citoyens le comprendront et lui redonneront alors cette confiance qui est aujourd'hui plus qu'incertaine.

Synthèse de l'exposé

Robert Castrucci, Fondation Ugo Bordoni - Communication virale et certification des contenus dans les médias de Service public.

Robert Castrucci qui a pris maintenant la parole, a commencé par pointer le paradoxe d'un service public partagé entre des fonctions publiques et des fonctions latentes. Le paradoxe réside en ce que plus le service public s'attache à ces dernières et plus il est rejeté par le corps social. Nous sommes à un moment historique qui connaît une grave crise du champ intellectuel. L'idée de ramener un quelconque spectateur par le mode unidirectionnel du broadcast s'éloigne définitivement. Roberto Castrucci pose alors comme préambule à sa communication que, s'il y a encore un rôle pour le service public, celui-ci alors, doit résider dans une offre culturelle en mesure de vivifier et renforcer les fragiles trames d'une culture nationale affaiblie. A côté de la personnalisation et la communication centrifuge des modèles et contenus culturels et symboliques, les efforts devraient porter sur le maintien d'un horizon partagé, un « ciel unique ». Il n'est pas certain que cette culture doivent seulement être du ressort de la radiodiffusion. Les formes de distribution one-to-one ou peer-to-peer pourraient aussi contribuer à défendre des contenus de qualité pour des segments sociaux moléculaires.

Une observation qui signifie que les nouveaux publics actifs et interactifs peuvent représenter une opportunité en termes économiques, tout au moins pour amortir le vaste effort engagé pour toucher les segments du public les plus touchés par cette molécularisation, par l'intermédiaire du crowdsourcing. Mais il faut aussi pour cela un changement de paradigme en terme culturel et juridique, avant même qu'il soit technologique. Je pense ici, dit-il, à la question des droits sur les productions, à la possibilité d'appliquer des licences ouvertes qui permettent aux usagers de s'approprier des contenus pour les modifier et les recombiner avec créativité et de les diffuser en mode viral. Mais les obstacles pourraient être plus importants encore que ceux imaginés dès lors qu'ils renvoient à la requête-même de l'existence d'un service public latentes plutôt qu'explicites. L'obsession du contrôle, pour reprendre le paradoxe évoqué plus tôt, pourrait être la principale raison à l'auto-marginalisation du service public. Il n'est pas encore acquis que, d'un point de vue culturel, il soit possible de créer un service public européen unique ou à une confédération de services publics nationaux dans le but d'un renforcement du partage de valeurs communes aptes à bâtir un horizon unique au bénéfice d'une identité européenne bien affaiblie. Et pourtant la dimension européenne devient le champ d'action minimal, la masse critique indispensable pour se confronter au niveau global la concurrence technologique de façon à éviter que les nouveaux espaces communs aient des caractéristique du domaine privées fondé sur des technologies propriétaires. Fixer des standards ouverts et non propriétaires devraient représenter pour le service public un objectif prépondérant d'action, et celui-ci devrait (mais pas seulement pour cette raison) être à l 'échelle européenne.

Synthèse de l'exposé

Stefano Panunzi, Université de Molise - La nouvelle frontière de la vidéo: le cas de la télé-contiguïté.

Stefano Panunzi a ensuite présenté son projet de télé-contiguïté. Celle-ci relève des recherches expérimentales et didactiques menées par ICT (Information Communication Technology) appliquées à l'architecture et à l'espace urbain, sous la direction et la coordination de Stefano Panunzi, responsable de recherche de la Faculté d'architecture et doyen associé de l'Université La Sapienza de Rome et qui est également aujourd'hui le cofondateur de la faculté d'Ingénierie de l'Université de Molise au sein de laquelle il a pu mener à terme la réalisation d'un prototype de système de télé-contiguïté Un tel système, en tant que prolongement naturel de la vidéo-conférence, est un objectif atteint en Italie, exemple unique en son genre et absolument concurrentiel au niveau international pour ce qui est de l'efficacité, de la simplicité d'emploi et sa peu onéreuse si on le compare à des recherches analogues dans le domaine de la réalité augmente et ceci, que ce soit en Europe, aux États-Unis, au Canada ou au Japon.

La recherche menée au sein de l'Université de Molise dans le cadre de la Recherche Prin 2006, était destinée au perfectionnement du système de télé-contiguïté pour la création d'un tableau interactif à distance. Le système de télé-contiguïté est la nouvelle frontière de la télé-présence car elle peut transformer un simple verre en une surface de partage concret par la vidéo-communication. Son aspect tangible réside dans le fait qu'on peut s'approcher du verre jusqu'à le toucher, tout en continuant à être visible là où on est réellement et à l'échelle réelle sans les restrictions de position/distance/cadrage habituelles à la télé-conférence. L'écran « voit » littéralement, c'est à dire filme ce qui est se trouve devant elle : comme le fait un scanner, l'image de ce qui est en contact avec le verre est à une parfaite échelle de 1:1. Ceci permet une communication en vis à vis à la distance identique à celle d'une conversation naturelle, en se regardant dans les yeux, comme si on s'était seulement séparé par un vitrage, avec la possibilité d'un contact réciproque, même gestuel, à l'échelle 1:1. Cette originale solution technologique garantit la réciprocité des échanges entre les deux captures retransmises instituant un « quatrième mur » commun aux deux espaces (une mitoyenneté en quelque sorte) distants dans la réalité et qui les fait perçus comme adjacents et contigus. Les possibles applications sont innombrables, et par exemple, dans le champ spécifique de la didactique prospective on expérimente une solution que pourrait permettre à plusieurs individus de parler, se voir en vis à vis, dessiner de concert en face à face, composer de maquettes, une moitié d'un côté, l'autre de l'autre côté tout en demeurant en des lieux différents. Le système de la télé-contiguïté attache un soin tout particulier au dispositif scénographique de la surface de contiguïté audiovisuelle qui peut coïncider avec des éléments de l'espace architectonique et urbain comme le sont des portes, des fenêtres, des vitrines, des rideaux, des façades etc. et se proposer comme intégration de l'espace réel (Augmented reality, Flavia Sparacino MIT – USA) sans avoir recours à l'assombrissement de la luminosité ambiante.

Voir plus: http://www.youtube.com/watch?v=ojJYsZYChYc


Synthèse de l'exposé

13.30   Giacomo Mazzone, responsable pour les Relations institutionnelles UER/EBU - Le rôle de l' Eurovision et les espaces de coopération entre les médias de Service public à l ' ère du passage de la radiodiffusion au réseau haut - débit

C'est alors le tour de Giacomo Mazzone qui s'est proposé d'évoquer le rôle de l'Eurovision et les aires de coopération entre Médias de Service Public pendant cette période de transition de la radio-diffusion au Broadband. En guise d'introduction, il a fait une projection d'un film de la firme Nokia consacré à la situation des médias aujourd'hui et qui dénonce un détournement considérable des ressources des anciens médias vers les nouveaux. Les ressources dont dispose le système radio-télévisuel dans son ensemble ne cessent de diminuer ou, pour le moins, à croître dans une mesure moindre que les coûts. Il y a une hémorragie des ressources, dans les systèmes les plus développés et et les plus avancés dans la numérisation et dans lesquels la convergence s'est accrue, du secteur radio-TV jusqu'à la consommation d'Internet qui connaît des taux de croissance à deux chiffres, tendance qui n'est pas prête de s'arrêter.

Cette contraction des ressources affecte, pour des raisons diverses, tous les acteurs du système dual : les TV commerciales, par la réduction des recettes publicitaires, les TV à péage, à cause de la concurrence du système video-à-la-demande (Vod), toujours plus performant. La situation des TV publiques, au vu de l'état des finances publiques – crise économique mondiale oblige – est toujours plus préoccupante. Les effets de cette crise se voient d'autant plus dans les systèmes où la convergence est déjà un fait et dans une moindre mesure dans les systèmes accusant du retard en ce domaine, diffusion par le haut-débit et concurrence entre dispositifs de diffusion réduite. L'arrivée de la TV hybride, désormais imminente, va accélérer ce processus, agressant les producteurs sur leur propre terrain : celui de l'écran TV. L'effet risque d'en être dévastateur dans la mesure où les diffuseurs, comme le domaine de l'imprimé avant eux, ne peuvent rivaliser et ceci pour des raisons de législation spécifique et de déontologie avec l'offre publicitaire ciblée de la publicité en-ligne. Le danger (déjà vérifié) est que les TV commerciales – maillon faible du système car financées en totalité par la publicité - ne commencent un processus de collision avec les TV à péage, par exemple Mediaset premium vs Sky, et qu'elles ne deviennent plus agressives dans leur quête de ressources publicitaires qui, aujourd'hui encore, financent les TV publiques. Voilà l'explication systémique de la décision de supprimer la publicité sur les TV publiques en France et en Espagne, il y a peu de temps. Mais ceci n'est qu'une solution à court-terme, dans la mesure - comme elles le démontre en Espagne et en France – où ces ressources qui ne vont plus à la TV publique ne retournent pas en totalité vers les TV commerciales et, de toute façon, comme elles sont en voie de contraction, elles ne sont plus en mesure d'assurer la croissance des TV commerciales comme ce fut le cas dans le passé. La voie de la croissance sur les marchés extérieurs et des synergies d'échelle, en Europe, est barrée par la fragmentation linguistique et par l'attribution des licences au niveau national. Seuls Sky et RTL sont parvenus à créer une présence un tant soit peu notable à l'extérieur de leurs frontières d'origine mais exclusivement sur des niches. Canal+, Bouygues et Mediaset sont demeurés substantiellement confinés à deux ou trois pays. Sic stanti bus rebus, il est alors inévitable que la tension va prévaloir et qu'elle va se concentrer sur les uniques ressources garanties dans ce système désormais attaqué. Il s'agit bien sûr de la redevance.

Les TV publiques les plus exposées, sont dans l'ordre celles qui sont financées directement par le budget de l’État (Portugal, Pays-Bas et jusqu'à la Grande-Bretagne) puis celles qui ont encore la publicité comme source de financement (Rai et la télévision polonaise sont les dernières parmi les six grands pays), suivies par celles dont la légitimité auprès du public est moindre (peu vues ou peu appréciées ou encore sans caractères de distinction vis à vis des compétiteurs privés). En de nombreux pays, le débat est particulièrement vif et âpre et même en Europe, commence la remise en question de l'existence-même d'un service public radio-télévisuel..

Une autre des conséquences de la convergence est le progressif éloignement des jeunes générations des modes de consommation traditionnels de la Tv : flux linéaires, TV à la maison, sagement installé, en famille. La consommation télévisuelle est aujourd'hui plus semblable à celle de la radio ( grâce au numérique) ; fragmentée, à-la-demande, sur différents supports et même mobile. De ceci résulte que la perception de la redevance par les jeunes générations (ou de l'idée d'une quelconque rémunération du service public) est une idée tout à fait obsolète. Su reste, dans les sociétés où il reste peu de la notion de « public » ( de l'école au système de santé, des services jusqu'à l'armée) il n'est évidemment pas facile de défendre un concept comme celui de service public radio-télévisuel. Et cela va jusqu'à la Constitution Européenne qui ne parle même pas explicitement de Service Public (sinon pour en dire qu'il relève des compétences nationales / Protocole d'Amsterdam) mais seulement de « Services d'Intérêt Général ». Glissement sémantique qui réduit d'autant la centralité de l'obligation de fournir un service public au profit d'une orientation vers la notion de « Service universel », ce qui est tout à fait autre chose. La disparition-même du téléviseur (qui était mais n'est plus l'unique dispositif de consommation) ou la forte réduction de sa centralité, sont des phénomènes qui défient dans ses fondements-même la légitimité de la redevance en tant que taxe. Quiconque regarde des fragments de TV en-ligne, sur IPod ou IPad ne comprend pas pourquoi il devrait payer une taxe liée à un appareil qu'il n'utilise plus ou, en de nombreux cas, ne possède même plus. Aux Usa, le passage au tout-numérique s'est traduit par un taux de 1 à 2% des ménages qui sont plus connectés ni aux réseaux terrestres, ni au câble ou encore au satellite. Ont-ils cessé de regarder la TV ou plus simplement la regardent-ils sur d'autres appareils ?

Des solutions ? Oui certainement, nombreuses. Mais elles sont toutes liées à la volonté politique et à la pression des citoyens sur leurs gouvernants (encore que ce secteur également manque plus que jamais d'un leadership ou alors qui, s'il existe, est notoirement hostile au service public – Berlusconi, Cameron, Sarkozy).

La première est une variable interne: renforcer la coopération internationale et l'échange avec les services publics des autres pays. Pris séparément les champions du service public en Europe sont des nains en comparaison avec les colosses mondiaux, mais s'ils réussissaient à se réunir, ils aurait alors une dimension supérieure à celle des groupes mondiaux comme News Corp ou Warner. Est-ce possible ? Est-ce une utopie ? Pourtant, l'exemple de l'UER a démontré comment entre les années 80 et aujourd'hui, un certain niveau de coopération entre services publics a pu donner des résultats exceptionnels en garantissant un avantage énorme en terme de compétitivité à chaque diffuseur TV public national sur des rivaux nationaux. Aujourd'hui la dimension européenne ne suffit malheureusement plus. L'UER devrait fournir services et solutions sur une échelle globale car les défis et les concurrents sont globaux. Mais les secteurs radio-télévisuels nationaux devraient commencer à penser plus grand surtout et s'ouvrir au monde. Comme pour l'Euro, seul un degré plus fort dans l'intégration peut être garant de l'avenir.

La seconde est une variable externe, tributaire de la politique. En Finlande, l'année dernière, on a commencé à parler de « Media tax ». Il y a peu, en Suisse, il a été décidé que la nouvelle redevance radio-télévisuelle ne serait plus une taxe sur le téléviseur mais un taxe, à tous imposée, pour contribuer au financement de la diversité culturelle du Pays en regard du monde et pour financer la pérennité démocratique du Pays. Une révolution copernicienne qui naturellement devrait avoir aussi un impact sur les priorités du service public national.

Et dans tout ça, la politique européenne, où est-elle ? Peut-on parler d'Eurobonds et ne pas parler de service public ? Tant que nous aurons des médias nationaux qui parlent et raisonnent dans le cadre étriqué de leurs frontières, nous aurons une opinion publique qui privilégiera toujours ses intérêts immédiats, de proximité plutôt que ceux à long-terme et à l'échelle continentale. Nous sommes certains qu'un processus de construction européenne peut être imposé par delà ce sens commun dont les médias nationaux sont en même temps initiateurs et diffuseurs.


Synthèse de l'exposé

 

13.40 Gianni Bellisario , Vice - Président d' Infocivica  - De la radiodiffusion au réseau haut - débit . Les défis publics de la crossmédialité.
Gianni Bellisario lui succède pour une intervention en vidéo-conférence depuis Rome. Depuis plus 20 ans on débat des rapports entre la Service Public radio-télévisuel et le développement et la pénétration capillaire des technologies numériques et des mutations induites dans le complexe secteur des télécommunications. Si on étudie le phénomène en mettant l'usager final et ses besoins , conscients et inconscients, au centre de la réflexion, on s'aperçoit que celui-ci est devenu simultanément cible et protagoniste du changement d'époque qu'a provoqué le développement du numérique. La possibilité de l'interaction a enclenché un processus irréversible qui est toujours à l’œuvre.

Dans le même temps sont nées et développées de nouvelles offres de programme et services non-issues du Service Public mais, néanmoins, d'utilité publique. La possibilité de choisir et d'interagir contribue peu à peu, les années passant, à modifier les centres intérêts et les besoins des usagers ainsi que leurs attentes vis à vis du Service Public qui tend dorénavant à perdre son rôle d'indiscuté point de référence dans la mesure où il ne satisfait plus que partiellement les dites-attentes de l'abonné. La diffusion du haut-débit – large bande – referme le cercle permettant la concrétisation de la convergence et oblige les opérateurs à quitter leur niche sanctuarisée de type monopolistique pour se confronter avec l'usager dans sa singilarité plutôt que par la médiation des données audimat. Les diffuseurs publics n'offrent plus désormais – sauf en quelques pays européens - un Service Public satisfaisant les besoins des téléspectateurs, et se montrent encore insuffisamment flexibles dans leurs rapports avec un public qui lui, au contraire, est de plus plus coutumier de l'interaction et de la particularisation des offres qui lui sont faites.

Le problème pour les diffuseurs du Service Public n'est pas tant de se recycler purement et simplement dans le haut-débit que de savoir comment répondre et se mettre en adéquation avec le profond changement en-cours dans son public et qui représente malgré tout la quasi-totalité de la population. On pourrait alors affirmer que la seule condition de diffuseur n'est désormais plus suffisante pour remplir les missions de Service Public sauf à comprendre qu'il ne s'agit pas d'intégrer de façon strictement fonctionnelle une dimension de crossmédialité aux programmes radio-télévisuels mais, bien au contraire, de prendre en compte ce qui est une évolution de la communication téléphonique, de l'interconnexion haut-débit et de la possibilité offerte par les réseaux numériques d'informer, éduquer, divertir et d'offrir des services en harmonie avec les besoins particuliers de chaque usager singulier. Sinon, les diffuseurs publics risquent de se transformer, pour partie, en simples fournisseurs de contenu pour les grands groupes mondiaux de la distribution ou pour de nouvelles structures internationales haut-débit d'initiative publique qui se développeront pour renforcer l'indispensable présence du Service Public dans le secteur de la communication.

Infocivica a plus d'une fois mis l'accent sur le concept de nécessité d'un Service Public des Communications en tant qu'outil de sauvegarde des libertés fondamentales. Un Service Public qui soit garant de l'accès aux réseaux, de la liberté d'expression et de la liberté d'accès à l'information sans condition et dont les coûts de fonctionnement sont à la charge de la société dans son ensemble. Les diffuseurs publics se doivent de toute urgence décider s'ils veulent ou pas, être partie-prenante de ce processus et en quelle mesure.
Ugo Cavaterra, dans son intervention “du pixel à l'âme et retour” est revenu sur le Service Public comme vecteur d'une nouvelle Forme-Substance. Nous baignons, a t-il énoncé, dans une réalité holographique, déterminée par notre perception limitée à 10% de l'audible et du visible. Nous-mêmes créons en permanence la réalité en laquelle nous vivons et cet état de fait, rendu encore plus évident par les moyens de communications qui, pour peu qu'il soient intégrés et convergents de la manière la plus idoine, peut réussir à rendre réelle ce qui, auparavant, ne l'était pas.

Grâce aux synapses numériques qui se propagent dans le système nerveux du réseau nous sommes en mesure de créer des niveaux supérieurs d'intrication de la réalité qui interagissent entre eux et nourrissent une sorte d'état altéré de la conscience chez les consommateurs des différents messages qui de cette façon iront chercher tout ce qui peut avoir un rapport avec leurs convictions et les conforter sans même en vérifier la véracité. En ceci, le Service Public ou service au public peut et doit assumer un rôle déterminant surtout quand il s'agit de transmettre des programmes et informations qui soient le plus possible proches de la « vérité ». Cela ne peut se faire qu'en réaccordant l'Homme à son rythme naturel, rythme qui depuis quelques décennies ne se manifeste que difficilement chez des être humains désormais numériques et en plein raptus de dépendance médiatique.

Les valeurs que toute société a vu croître, depuis que l'homme a mis le pied sur cette planète pourront se retrouver dans le bagage de tout un chacun à la seule condition de s'accorder à nouveau à la juste fréquence de tout être humain, de toute son activité et de toute sa consommation de programmes et des contenus cross-médiaux et/ou hyper-médiaux, et ce, au multiple des 8Hz de la Résonance de Schumann . Cette « résonance » n'est rien d'autre en-somme, que le battement cardiaque de la Terre et tout ce qui en un est multiple est alors en « accord » avec les êtres vivants qui peuplent la planète. Écouteriez-vous un orchestre aux instruments désaccordés ? La même loi s'applique à tous les êtres humains car si ceux-ci émettent une fréquence discordante, alors aurons-nous une réaction en chaîne dans les rapports interpersonnels.

Comme avant toute chose on recourt au Diapason scientifique dans la composition et dans l'émission de la musique, le service public pourrait utiliser cet effet déterminé de la loi physique de la Résonance et celui-ci trouverait partout à s'appliquer. Ainsi, a contrario des fréquences non-harmoniques auxquelles nous sommes aujourd'hui jour et nuit soumis, nous aurions la jouissance naturelle de contenus, harmoniques, qui nous sont quotidiennement véhiculés par l'ensemble des médias. C'est en cette façon qu'on rétablirait l'équilibre entre humains appelés à redécouvrir les valeurs fondamentales de la société.

Synthèse de l'exposé

13.50 - Ugo Cavaterra, Vice Presidente di Infocivica - Dal pixel all’anima e ritorno. Il Servizio Pubblico come Vettore di nuova Forma-Sostanza

Synthèse de l'exposé

 

Carlo Rognoni, Journaliste , ancien Vice - Président du Sénat de la République italienne, Rome.
C'est enfin au Sénateur Rognoni qu'il revient de clore par ses conclusions ces interventions. Nous sommes actuellement au milieu d'un processus de profond changement dans le système des médias. Le nouveau scénario numérique représente une réelle et authentique révolution et les entreprises de service public sont de longue date les plus exposées à la possibilité d'un désastre. Elles risquent de se trouver prises dans les mâchoires d'une tenaille susceptible de les broyer, les délégitimer, les marginaliser par rapport aux autres grandes entreprises de communication. N'oublions pas, de plus, qu'en première on y trouve les très riches et très puissantes entreprises de télécommunication. Les deux mâchoires de cette tenaille sont d'une part l'évolution du marché de la cross-média lité et d'autre part la politique. Si ceci est vrai dans l'Europe entière, ça l'est encore encore plus en Italie, les effets y sont plus marqués. Ici, l'action combinée de ces deux agents, le marché et une mauvaise politique – sans synchronisation entre eux - pourrait entraîner la Rai vers des records de déficit abyssaux : en terme d'audience et de perte sèche de recettes publicitaires avec une aggravation du désamour des téléspectateurs, enclins alors à se soustraire à la redevance ou tout au moins renâclant toujours plus à s'en acquitter.

Il y a au moins deux demandes simples qui s'imposent avant toute autre : Quelles sont les raisons qui militent pour le modèle « dual » européen, caractérisé par la coexistence de diffuseurs privés et d'un agent public sur le marché de la télévision ? Ensuite, quelles sont les « conditions de survie » des médias de service public dans la société de l'information ?Des rencontres comme celles du « Groupe européen de Turin », organisée par Infocivica dans le cadre du Prix Italia, sont de grande utilité. Elles sont ambitieuses car ambitieux est l'objectif de parvenir à un Livre Vert qui conduise le monde politique, la sphère entrepreneuriale, la société civile, à une réflexion sériée et approfondie sur le sens et le futur des services publics.

Tout ce vaste chantier qui, pour le moment, regroupe principalement des universitaires de nombreux pays européens a deux objectifs méritoires : redonner à l'Europe – et surtout dans un moment où celle-ci semble avoir perdu le fil de son développement politique et institutionnel – la prétention de jouer un rôle de premier plan dans un des domaines les plus absolument délicats et politiquement sensibles, celui des nouveaux et des anciens médias. Et ceci sans même évoquer l'importance économique et stratégique du système médiatique mondial. Il a été dit que « la guerre mondiale des contenus était déclarée ». Frédéric Martel, dans un bel ouvrage intitulé « Mainstream » a pu écrire : « Au sein des flux internationaux de contenus, évalués en termes quantitatifs et de façon imprécise par le FMI, l'OMC, l'Unesco ou la Banque Mondiale, c'est un colosse comme les USA qui exporte massivement et partout ses propres contenus avec environ 50% du total des exportations mondiales. Si on y ajoute le Canada et le Mexique, alors l'Amérique du Nord domine sans concurrence le domaine des échanges (elle compte pour environ 60%). Elle est suivie d'un potentiel concurrent mais probablement en déclin, l'Union Européenne avec ses 27 membres qui pèse pour un tiers dans le total de ces exportations».

Est-ce être velléitaire et est-ce impraticable que d'avoir le dessein d'une grande compagnie européenne de production contenus ? Et ce, pourquoi pas à partir d'un accord entre services publics européens ? C'est le sociologue espagnol Castells qui a le mieux synthétisé l'importance du système médiatique quand il a pu écrire : « c'est plus qu'un quatrième pouvoir. C'est le terrain de jeu de où tous les pouvoirs, qu'ils soient de nature politique, économique, syndicale, sociale, associative, se rencontrent, s'affrontent, s'opposent. ». D'où l'importance pour une démocratie moderne et avancée de disposer d'un terrain de jeu neutre et d'un arbitre non corrompu et non corruptible.

L'autre grand objectif qu'on peut tenter de placer au centre de l'attention de l'opinion publique, en liaison avec la méritoire initiative d'Infocivica, pourrait être celui de relancer et redéfinir la discussion sur la mission de ce service public qui reste une des spécificités de nos nations européennes. A côté des fonctions traditionnelles (garantir l'universalité du service, protéger l'expression du pluralisme, la diversité et la qualité de l'information, contribuer à la croissance de la culture et de l'identité nationale) et des obligations issues de la révolution numérique (comme celle de rendre les contenus accessibles sur toutes les plates-formes, offrir des contenus-en ligne de qualité, encadrer et soutenir la transition entre TV analogique et numérique) semble s'imposer avec toujours plus de vigueur un nouvel impératif pour les États ; garantir autonomie et distance vis à vis d'un pouvoir qui doit néanmoins contrôler. Parmi les documents du Parlement Européen et du Conseil de l'Europe, on trouve des témoignages toujours plus insistants en faveur de l'indépendance politique et économique, pré-requis indispensable à la crédibilité du service public et au bon déroulement de sa mission.

Je suis personnellement chaque jour toujours plus convaincu que la condition nécessaire à la survie du service public qui présente en de nombreux pays européens les signes profonds d'une crise, réside dans le fait pour la télévision de se transformer une « institution » ; une institution non partisane, indépendante, fiable, avec un rôle de contre-pouvoir, de contrôle de l'action du pouvoir et en charge de garantir le pluralisme, sur le modèle de celui exercé en Italie par la Cour Constitutionnelle et par la magistrature, mais qu'elle soit aussi une institution en mesure de promouvoir l'identité et la diversité culturelle d'un Pays à la différence d'une télévision commerciale qui tend toujours plus à l'homologation des standards internationaux. En somme cela serait là un rôle pas très éloigné de celui tenu par l'école publique. Pendant ce temps on ne peut pas ne pas voir le malaise croissance et l'éloignement qui mûrit dans l'opinion publique pour une entreprise qui, dans un certain passé, fut un creuset d'idées et un important facteur de cohésion nationale. Peut-on concevoir que, dans le futur, la Rai puisse redevenir une véritable école de créativité et de liberté d'expression ? Et qu'elle se découvre un goût pour l'autonomie ? Sans ces ambitions il est difficile de trouver ce qui fait sens pour un service public.

D'autre part, c'est justement sur la base de telles convictions que les oppositions ont , en Italie, dans l'unité, recommencé à réfléchir quant à la nécessité d'une immédiate intervention du législateur pour au moins changer les critères de nomination au conseil d'administration de la Rai. Ce serait là un premier pas vers l'émancipation de l'entreprise vis à vis de cette malfaisante politique. Cela servirait à doter la Rai des conditions minimales pour affronter ce nouveau « mare magnum » qu'est le marché numérique avec, finalement, une stratégie pour le moyen et le long terme et désormais libre des insupportables et coûteux conflits d'intérêts chez autrui.


Synthèse de l'exposé


14.30 – Fin  des travaux