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INFOCIVICA - IDENTITE ET DIVERSITE DE L'EUROPE  - 2 - Réarticulation de l'offre, préservation du local-global et politique connexe de production et d'acquisition des droits dans une perspective cross-média
Prix Italia Turin– 19 septembre 2011

 

Synthèse des conclusions du Sénateur Rognoni

 

Nous sommes actuellement au milieu d'un processus de profond changement dans le système des médias. Le nouveau scénario numérique représente une réelle et authentique révolution et les entreprises de service public sont de longue date les plus exposées à la possibilité d'un désastre. Elles risquent de se trouver prises dans les mâchoires d'une tenaille susceptible de les broyer, les déligitimer, les marginaliser par rapport aux autres grandes entreprises de communication. N'oublions pas, de plus, qu'en première on y trouve les très riches et très puissantes entreprises de télécommunication. Les deux mâchoires de cette tenaille sont d'une part l'évolution du marché de la cross-média lité et d'autre part la politique.

Si ceci est vrai dans l'Europe entière, ça l'est encore encore plus en Italie, les effets y sont plus marqués. Ici, l'action combinée de ces deux agents, le marché et une mauvaise politique – sans synchronisation entre eux- pourrait entraîner la Rai vers des records de déficit abyssaux : en terme d'audience et de perte sèche de recettes publicitaires avec une aggravation du désamour des téléspectateurs, enclins alors à se soustraire à la redevance ou tout au moins renâclant toujours plus à s'en acquitter.

Il y a au moins deux demandes simples qui s'imposent avant toute autre : Quelles sont les raisons qui militent pour le modèle « dual » européen, caractérisé par la coexistence de diffuseurs privés et d'un agent public sur le marché de la télévision ? Ensuite, quelles sont les « conditions de survie » des médias de service public dans la société de l'information  ?

Des rencontres comme celles du « Groupe européen de Turin », organisée par Infocivica dans le cadre du Prix Italia, sont de grande utilité. Elles sont ambitieuses car ambitieuse est l'objectif de parvenir à un Livre Vert qui conduise le monde politique, la sphère entrepreneuriale, la société civile, à une réflexion sériée et approfondie sur le sens et le futur des services publics.

Tout ce vaste chantier qui, pour le moment, regroupe principalement des universitaires de nombreux pays européens a deux objectifs méritoires : redonner à l'Europe – et surtout dans un moment où celle-ci semble avoir perdu le fil de son développement politique et institutionnel – la prétention de jouer un rôle de premier plan dans un des domaines les plus absolument délicats et politiquement sensibles, celui des nouveaux et des anciens médias.

Et ceci sans même évoquer l'importance économique et stratégique du système médiatique mondial. Il a été dit que « la guerre mondiale des contenus était déclarée ». Frédéric Martel, dans un bel ouvrage intitulé «  Mainstream  » a pu écrire :

« Au sein des flux internationaux de contenus, évalués en termes quantitatifs et de façon imprécise par le FMI, l'OMC, l'Unesco ou la Banque Mondiale , c'est un colosse comme les USA qui exporte massivement et partout ses propres contenus avec environ 50% du total des exportations mondiales. Si on y ajoute le Canada et le Mexique, alors l'Amérique du Nord domine sans concurrence le domaine des échanges (elle compte pour environ 60%). Elle est suivie d'un potentiel concurrent mais probablement en déclin, l'Union Européenne avec ses 27 membres qui pèse pour un tiers dans le total de ces exportations. »

Est-ce être velléitaire et est-ce impraticable que d'avoir le dessein d'une grande compagnie européenne de production contenus ? Et ce, pourquoi pas à partir d'un accord entre services publics européens ?

C'est le sociologue espagnol Castells qui a le mieux synthétisé l'importance du système médiatique quand il a pu écrire : « c'est plus qu'un quatrième pouvoir. C'est le terrain de jeu de où tous les pouvoirs, qu'ils soient de nature politique, économique, syndicale, sociale, associative, se rencontrent, s'affrontent, s'opposent. ». D'où l'importance pour une démocratie moderne et avancée de disposer d'un terrain de jeu neutre et d'un arbitre non corrompu et non corruptible.

L'autre grand objectif qu'on peut tenter de placer au centre de l'attention de l'opinion publique, en liaison avec la méritoire initiative d'Infocivica, pourrait être celui de relancer et redéfinir la discussion sur la mission de ce service public qui reste une des spécificités de nos nations européennes.

A côté des fonctions traditionnelles (garantir l'universalité du service, protéger l'expression du pluralisme, la diversité et la qualité de l'information, contribuer à la croissance de la culture et de l'identité nationale) et des obligations issues de la révolution numérique (comme celle de rendre les contenus accessibles sur toutes les plates-formes, offrir des contenus-en ligne de qualité, encadrer et soutenir la transition entre TV analogique et numérique) semble s'imposer avec toujours plus de vigueur un nouvel impératif pour les États ; garantir autonomie distance vis à vis d'un pouvoir qui doit néanmoins contrôler. Parmi les documents du Parlement Européen et du Conseil de l'Europe on trouve des témoignages toujours plus insistants en faveur de l'indépendance politique et économique, pré-requis indispensable à la crédibilité du service public et au bon déroulement de sa mission.

Je suis personnellement chaque jour plus convaincu de plus que la condition nécessaire à la survie du service public qui présente en de nombreux pays européens les signes profonds d'une crise, réside dans le fait pour la télévision de se transformer une « institution » ; une institution non partisane, indépendante, fiable, avec un rôle de contre-pouvoir, de contrôle de l'action du pouvoir et en charge de garantir le pluralisme, sur le modèle de celui exercé en Italie par la Cour Constitutionnelle et par la magistrature, mais qu'elle soit aussi une institution en mesure de promouvoir l'identité et la diversité culturelle d'un Pays à la différence d'une télévision commerciale qui tend toujours plus à l'homologation des standards internationaux. En somme cela serait là un rôle pas très éloigné de celui tenu par l'école publique.

Pendant ce temps on ne peut pas ne pas voir le malaise croissance et l'éloignement qui mûrit dans l'opinion publique pour une entreprise qui, dans un certain passé, fut un creuset d'idées et un important facteur de cohésion nationale. Peut-on concevoir que, dans le futur, la Rai puisse redevenir une véritable école de créativité et de liberté d'expression ? Et qu'elle se découvre un goût pour l'autonomie ? Sans ces ambitions il est difficile de trouver ce qui fait sens pour un service public.

D'autre part,, c'est justement sur la base de telles convictions que les oppositions ont , en Italie, dans l'unité, recommencé à réfléchir quant à la nécessité d'une immédiate intervention du législateur pour au moins changer les critères de nomination au conseil d'administration de la Rai. Ce serait là un premier pas vers l'émancipation de l'entreprise vis à vis de cette malfaisante politique. Cela servirait à doter la Rai des conditions minimales pour affronter ce nouveau « mare magnum » qu'est le marché numérique avec, finalement, une stratégie pour le moyen et le long terme et désormais libre des insupportables et coûteux conflits d'intérêts chez autrui.