SÌ A UNA TELEVISIONE PUBBLICA,
NO AD UNA TV DI STATO !
A conclusione del suo mandato, il Presidente del canale del Senato francese Jean-Pierre Elkabbach, già presidente di France Télévisions, in un'intervista al quotidiano Le Figaro fa un bilancio della propria gestione a capo dell'emittente
LE FIGARO. - Au moment où vous quittez la présidence de Public Sénat, quel bilan tirez-vous ?
Jean-Pierre ELKABBACH. - J'ai créé Public Sénat en 1999, alors qu'il n'y avait qu'un sous-sol et pas de chaises. Avec Rémi Tomaszeswki, le secrétaire général, mon ami à mes côtés depuis le début, j'ai effectué trois mandats en dix ans. C'est, en France, une belle longévité. Aujourd'hui, j'ai renoncé à briguer un quatrième mandat. Au bilan, je suis fier d'avoir créé une génération Public Sénat et une chaîne d'information politique et parlementaire qui est devenue une référence utile et qui a réussi à réconcilier journalisme et politique. Avec Public Sénat, nous avons inventé un nouveau style de télévision politique reposant sur les 3 «D» : nous avons imposé le direct intégral sur les grands sujets politiques comme les congrès, les primaires des partis ou les commissions parlementaires ; ensuite, Public Sénat produit et coproduit une quarantaine de documentaires par an ; enfin, nos débats attirent des interlocuteurs de haut niveau. Aujourd'hui, Public Sénat dispose d'une audience cumulée de 20 millions de téléspectateurs par semaine en France et nous sommes regardés au Maghreb et en Afrique. Je croyais en l'utilité de Public Sénat, je crois en son avenir.
Public Sénat doit-elle fusionner avec la chaîne de l'Assemblée nationale ?
La fusion est une fausse bonne idée et je voudrais définitivement lui tordre le cou. Il faut respecter le bicamérisme et ce n'est pas au moment où on veut renforcer le Parlement que le Sénat décidera de fondre sa chaîne dans un nouvel ensemble. Le Sénat et l'Assemblée nationale ont deux cultures et deux ordres du jour différents. Public Sénat et LCP-AN travaillent déjà ensemble sur les grands événements. Enfin, s'il devait y avoir une fusion, la nouvelle chaîne n'aurait pas davantage de moyens. Ma position est désormais partagée par Gérard Larcher, le président du Sénat, par Catherine Tasca et par la grande majorité du bureau, et même par Jean-François Copé, le président du groupe UMP à l'Assemblée. Je pense qu'en 2011, date de la fin de l'analogique, il y aura encore deux chaînes autonomes. Certes, Public Sénat dispose d'un budget de 15,6 millions d'euros pour 2009, soit l'équivalent de deux jours et demi de France Télévisions. Mais, en dehors des coûts de diffusion de 3,8 millions d'euros, et de la TVA non récupérable, la part utile se limite à 9 millions d'euros. Et, pourtant, nous diffusons 24 heures sur 24 sur la TNT, le câble, le satellite et l'ADSL. La gestion est irréprochable.
Soutenez-vous un candidat pour votre succession ?
Mon successeur sera désigné suivant les nouvelles règles de gouvernance du Sénat. Le choix ne m'appartient pas et je n'exerce aucune influence, ne donne aucune bénédiction et ne reçois pas en consultation. D'après mon expérience, ce devra être une ou un professionnel des médias, un manager, un fin négociateur : il devra respecter l'impartialité de la chaîne. Il ou elle devra être à la hauteur de la réputation du Sénat et de la chaîne. Public Sénat n'est ni une sinécure ni une maison de retraite. On y vient pour la faire vivre et la développer. Je suivrai son évolution car je reste très attaché à Public Sénat et à tous ceux qui la font.
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Vous avez présidé France Télévisions, quel regard portez-vous sur sa réforme ?
La télévision publique, oui, la télévision d'État, non. La nomination du président de France Télévisions par l'exécutif met fin aux faux-semblants et aux manœuvres de coulisses. Si l'hypocrisie cesse, la suspicion et la menace de régression demeurent. Il serait préférable d'inventer un système de nomination vraiment indépendant et irréprochable. Cependant, je parie que, le moment venu, le futur président de France Télévisions ne sera pas un militant encarté à l'UMP. Il faut combattre la tentation de l'exécutif d'intervenir dans les choix des programmes, des animateurs et de l'information. La résistance doit s'organiser à deux niveaux : les journalistes et les téléspectateurs. Personnellement, j'étais contre la suppression de la publicité sur les chaînes publiques, car elles vivent dans un marché et ne peuvent s'abstraire de l'audience. France Télévisions doit disposer de ressources pérennes et non de subventions aléatoires ou d'un financement précaire qui l'obligeraient à quémander pour boucler ses fins de mois. Aujourd'hui, les Français plébiscitent les effets de la réforme, les changements d'horaires. France Télévisions doit encore gagner deux batailles : celle des programmes et celle des technologies. Elle doit échapper à la tentation du ghetto culturel qui lui donnera bonne conscience mais qui en fera le meilleur allié de TF1 et M6. Les artistes, les producteurs, les personnels ont une chance exceptionnelle d'inventer les contenus et l'avenir d'une télévision publique «total média»
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